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Sortir de l'euro ?

  

Publié le 18/04/2013voir l'article dans Les Echos 

 

La sortie de l'euro est souvent présentée comme la bonne solution pour s'affranchir des contraintes de l'austérité. Cette proposition des partis protestataires semble gagner du terrain dans l'opinion, en France notamment. Aucune loi économique, aucun précédent historique comparable ne la justifie pourtant.  Comment expliquer son succès ?

 

Il faut tout d'abord observer que les opinions contraires sont peu audibles. La défense de l'euro est en effet difficile, le sujet est technique et donc quasiment interdit de médiatisation.  Pour reprendre une remarque d'Alexis de Tocqueville, « une idée  fausse, mais claire et précise aura toujours plus de puissance sur le monde qu'une idée vraie, mais complexe ».

 

L'idée d'une  sortie de l'euro est facile à instiller dans l'opinion car elle s'appuie sur la défiance ressentie par beaucoup vis-à-vis de l'Europe. Cette défiance est hélas présente au sein même des  grands partis, qu'elle paralyse et empêche de débattre publiquement.

 

Il faut pourtant combattre cette utopie. C'est un faux remède dont les effets secondaires indésirables ne sont pas connus de l'opinion. S'il faut en croire la "notice", la sortie de l'euro, c'est la liberté retrouvée, et surtout la liberté de dévaluer pour nous dégager des inconvénients de l'euro fort et de la discipline budgétaire.  La preuve de l'efficacité du remède, serait que la France en a fait autrefois ample usage.

 

Oui mais la différence est que les effets indésirables d'une dévaluation seraient aujourd'hui sans commune mesure avec ce qu'ils étaient dans les années 80. Ces effets seraient dévastateurs. Une dévaluation de 20% du franc par rapport à l'euro augmenterait notre endettement et donc la charge d'intérêt dans les mêmes proportions. Elle renchérirait d'autant le prix des produits importés incorporés dans nos exportations. Le résultat serait au plan commercial, un effet prix amoindri et surtout, au plan financier, la menace de ne plus trouver de prêteur sauf à payer des taux d'intérêts extravagants. L'étranglement financier serait immédiat et la nécessité s'imposerait d'un effort sans pareil des contribuables français pour rembourser la dette. On imagine le chaos politique et social créé par la hausse du prix des carburants, des impôts, par l'inflation importée.

 

Deux chiffres illustrent la transformation radicale du contexte économique et financier depuis 1980.  Selon de directeur de l'OMC, la composante importée des produits exportés, de 20% à l'époque, est aujourd'hui de 40% et devrait atteindre 60% en 2030. Et surtout le volume de ce que l'on appelle les capitaux volants a été multiplié par 130, passant de 500 milliards de dollars à 67 000 milliards de dollars aujourd'hui. Ces données invalident maints aspects de la pensée économique d'une époque où les exportations et les échanges financiers n'imprégnaient pas comme aujourd'hui l'activité nationale.

 

La forte imbrication de la France dans le commerce et la finance mondiale a permis un incontestable enrichissement. Par notre appartenance à l'Europe et à l'euro, le déclin économique et industriel de notre pays peut encore être enrayé. Un cavalier seul  le rendrait inéluctable. 

 

 

 

 

 

 



03/04/2013
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