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Ségolène Royal et de Gaulle

Mon enthousiasme pour la candidate "hors système" s'est considérablement refroidi  après le surprenant partage des postes de la République concluant les primaires 2011.  Je laisse néanmoins cet article dont la substance me parait toujours d'actualité.

 

C'est un fait que la seule mention du nom de Ségolène Royal déclenche une onde d'exaspération et de rejet dans une certaine partie de l'électorat français, toutes catégories politiques confondues. Légèreté et incompétence sont les reproches les plus fréquents qui lui sont adressés par ceux qui lui sont opposés, les cadres notamment, selon les instituts de sondages. Si certains de ses adversaires, de droite ou de gauche, consentent à lui reconnaître sa capacité tactique à sentir les circonstances et à créer la surprise, c'est pour aussitôt déplorer ici son inconstance ou là sa difficulté à garder ses fidèles.

 

Force est de reconnaître, au delà des passions, les profondes analogies de profil entre la finaliste de l'élection présidentielle de 2007 et le fondateur de la Vème République. On retrouve en effet chez Ségolène Royal plusieurs des marqueurs de popularité du Général de Gaulle: capacité à parler au peuple, détachement vis-à-vis de l'argent, allergie aux partis, incarnation de certaines valeurs sociales. Sans parler de la haine suscitée par l'un et l'autre, y compris et surtout dans leurs propres rangs.

 

A l'aune de ces critères, peu d'hommes ou de femmes politiques d'aujourd'hui seraient susceptibles d'obtenir la notation triple A de présidentiable. Seul le Président actuel partage avec Ségolène Royal et ... le leader vieillissant de l'extrême droite, le rare et fondamental privilège de savoir parler au peuple. En revanche, l'hôte de l'Elysée aura besoin de son immense talent tactique pour faire oublier son attirance pour l'argent ou convaincre de la sincérité de ses options sociales.

 

Les autres présidentiables de gauche échouent sur le critère capital du lien avec le peuple, et sur beaucoup d'autres. Le directeur du FMI, plébiscité in absentia dans l'opinion, sera inévitablement handicapé par ses manques dans ce domaine, sans parler de son rapport à l'argent. Quant aux responsables du Parti Socialiste, l'actuelle et l'ancien, en dépit de leurs talents respectifs, l'idée de mesurer leurs profils à l'aune des critères gaulliens parait presqu'incongrue.

 

La plus étonnante des qualités  de Ségolène Royal est sans doute cette manière gaullienne de "prendre à la hussarde" l'opinion et ses adversaires. Une caractéristique qui ne contredit pas, au contraire, son physique étonnament lisse et juvénile. Nous ne saurons jamais si le Président Mitterrand, que subjugaient les yeux et la bouche de Margaret Thatcher,  avait en son temps détecté la Junon naissante derrière le visage de Madone de sa collaboratrice.

 

La comparaison entre Ségolène Royal et le Général de Gaulle - deux noms prédestinés - risque de faire grincer les dents des nombreux grognards d'aujourd'hui, nostalgiques d'un père désintéressé, audacieux et conservateur, ambitieux et sincère. Peut-être ces orphelins du passé rejoindront-ils en 2012 ceux des leurs qui figuraient déjà parmi les dix sept millions d'électeurs ayant voté pour Ségolène Royal au second tour de 2007



04/12/2010
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