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Opération Paris Brûle - chapitre 53

 

 

 Frontière afghane, le repaire secret

 

 Cheikh Farid buvait son thé brûlant à petites gorgées, profitant des rares plages de vol paisible entre les turbulences. Dans les moments difficiles, le gros hélicoptère de l’armée de terre saoudienne, réservé au transport des VIP, était secoué comme un fétu de paille. La météo était exécrable, comme bien souvent dans la région.

- Nous arrivons dans 1h30 vint lui dire l’un de ses aides qui se retira aussitôt.

 

La cabine de l’hélicoptère avait été aménagée de manière à préserver un espace de relative intimité à l’avant, derrière les pilotes, dont il était séparé par un luxueuse cloison de bois vernis et de cuir.

 

L’énorme machine conçue à l'origine pour transporter trente hommes et leur équipement avait été aménagée sur mesure pour six passagers et deux stewards. Ce qui laissait une marge importante pour les équipements de confort et les réservoirs supplémentaires.

 

Cheikh Farid disposait pour son usage personnel d’un bureau, et d'une cabine aménagée en chambre à coucher avec cabinet de toilette. Il utilisait cette dernière, équipée d’une large boussole électronique, comme salle de prière. En fait il n’appréciait que très moyennement ces vols au confort somme toute relatif. Le luxe de l’appareil n’empêchait pas hélas de subir les aléas de la météo.

 

Il avait quitté son bureau de Ryad six heures plus tôt. En route pour le Pakistan. A Karachi, deux mille kilomètres plus loin, ils avaient refait le plein de carburant. Comme chaque mois, il rendait visite au Général Mohammed Salaam, son correspondant au sein des Services de Renseignements pakistanais.

 

Ce dernier dirigeait le Centre secret d’Al Aïn, situé sur la frontière afghane, à environ six cents kilomètres de Karachi. Ce poste stratégique, profondément ennuyeux pour son titulaire, était en fait une étape incontournable dans le cursus de tout officier supérieur ambitieux. La création du Centre dans cette région pratiquement désertique faisait partie d’un plan de surveillance des frontières conçu sous la pression de la diplomatie américaine.

 

C’est là que régulièrement et secrètement Cheikh Farid rencontrait son chef suprême, pratiquement au nez et à la barbe des Américains.

 

Le Centre secret des Pakistanais avait été construit sur l’emplacement d’une ancienne mine d’or. Le secret à l’intérieur du secret était qu’une autre mine abandonnée située à moins de 2 kilomètres de la précédente avait également fait l’objet de transformations, selon un calendrier distinct du précédent.

 

La raison d’être officielle de ce deuxième chantier était qu’il fallait un centre de secours pour le cas où le centre principal serait dans l’incapacité de fonctionner. C’est du moins ce qui avait été dit aux employés triés sur le volet chargés de sa construction et de son entretien.

 

Seuls le Général Mohammed Salaam et une poignée de personnes dans l’entourage du Général Sharaaf, le Chef des Services de Renseignement pakistanais, savaient quelle en était la vocation réelle, et eux-seuls connaissaient l’identité de son hôte secret.

 

Un tunnel discret permettait le passage du Centre secret pakistanais à la résidence du Chef Suprême.

 

Les Américains savaient bien que le plus haut responsable du terrorisme islamiste, insaisissable, bénéficiait des plus hautes protections pour échapper à leurs recherches. Ce qu’ils ne soupçonnaient pas  c’est que ce dernier avait en fait la possibilité de travailler en toute quiétude à ses divers projets. Avec la bienveillance protectrice du Chef des Services de Renseignement pakistanais et de son adjoint en charge du Centre secret d’Al Aïn.

 

Le Général Mohammed Salaam accueillit Cheik Farid à sa descente de l’hélicoptère. Sans un regard pour le paysage sublime des montagnes environnantes, celui-ci suivit aussitôt son hôte.

 

Le bureau du Général au dernier étage d’un petit batiment discret ressemblait à une tour de contrôle. Des fenêtres disposées sur les quatre murs permettaient une vision panoramique complète du paysage environnant. Le verre épais donnait à ce paysage une couleur verdâtre un peu irréelle.

 

De là, les deux hommes gagnèrent directement la salle de conférence, par un ascenseur. Cette salle, à trente mètres sous terre, comportait une porte blindée cachée dans le fond d’une armoire. C’est par cette porte que Cheik Farid gagnait le couloir d’une centaine de mètres donnant accès à une salle rigoureusement identique et où il rencontrait le Chef  Suprême.

 

Cheik Farid passait rarement plus d’une heure avec son chef de guerre. Pendant ce temps, le Général Mohammed Salaam restait dans la première salle de conférence. Lui-même avait toujours un porte documents bourré à craquer. De la sorte, il pouvait utiliser le temps disponible pour travailler, en attendant le retour du cheik. Pour tout le personnel du Centre secret, le Général Mohammed Salaam était officiellement en réunion de travail avec Cheik Farid.

 

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28/04/2011
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