alainlemasson.fr

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La Tribune 15 septembre 2017

 

 

Et si le Royaume-Uni renonçait au Brexit 

 

Il est peut-être encore temps pour nos voisins anglais de faire volte-face au sujet du Brexit. Le retrait anglais est souvent perçu comme favorable à l’Union Européenne à la France mais le bon sens et le sens de l’histoire conduisent cependant à souhaiter que le Royaume-Uni interrompe sa marche absurde et douloureuse.

 

Il faut bien prendre la mesure des problèmes durables posés par le Brexit aux deux parties en présence. Les problèmes politiques du côté anglais - l’imbroglio irlandais, Gibraltar, la menace d’indépendance écossaise, - s’ajoutent à la perte de PIB que ne pourront compenser le mythe d’un Singapour anglais ou l’espoir douteux d’une relation privilégiée avec les USA. Seul, le Royaume-Uni pèserait de bien peu dans ses futures négociations avec la Chine, l’Inde et … l’Europe. A bien des égards, le Brexit serait une régression.

 

De son côté, l’Europe ne sortirait pas indemne du retrait des Britanniques. Elle aurait à faire face à l’effet de contagion sur certains pays ou régions de l’Union, sujets aux tentations isolationnistes et protectionnistes. Sans oublier les conséquences budgétaires, commerciales, et surtout industrielles de ce retrait, comme l’illustre le problème posé à Airbus. Un gâchis inutile et des difficultés supplémentaires à gérer pour la gouvernance de l’Europe.

 

Il est vrai que les Britanniques ont maintes et maintes fois montré leur capacité à bloquer ou affadir de nombreuses initiatives européennes, comme par exemple le dispositif Schengen. Il est clair aussi que ces-mêmes Britanniques ont acquis des positions de force paradoxales et difficiles à supporter, dans deux domaines d’importance, la gouvernance de la Commission de Bruxelles et le fonctionnement de l’euro.  Il faut reconnaître à cet égard le talent de ce pays non-membre de l’union monétaire qui a réussi à déplacer à Londres, pour son plus grand profit, l’essentiel de la gestion des flux euros. 

L’annulation du Brexit poserait certes de nombreux problèmes internes au Royaume-Uni. Et le retour de l’enfant prodigue n’entrainerait probablement pas la plus grande mansuétude de Bruxelles, bien tentée de jouer alors du nouveau rapport de force pour amender quelques anciens privilèges des Britanniques.

 

Ces difficultés devraient être pourtant considérées comme secondaires face à l’impact positif de l’annulation. La conséquence positive majeure serait la démonstration faite aux Européens comme au reste du monde de l’importance de l’Europe. Qu’un pays comme le Royaume-Uni, au nom de la raison supérieure de son appartenance à l’Union Européenne, puisse faire volte-face et prendre le risque d’une humiliation diplomatique aurait une résonance considérable.

 

Le poids politique de l’Europe, déjà prouvé par sa capacité de négociation avec les autres blocs et l’attractivité de l’euro, serait définitivement renforcé. L’annulation du Brexit représenterait la libération des énergies et le renforcement du sentiment européen. Ce serait aussi la prise de conscience par l’opinion européenne des données géopolitiques et donc de l’importance pour l’Europe de jouer l’unité afin de peser le plus possible dans le concert des grands.

 

Et loin de la tentation d’abuser du nouveau rapport de force, ce serait l’occasion pour l’Europe de faire preuve de grandeur. Accueillir le Royaume-Uni avec magnanimité aurait pour les Européens une force symbolique considérable. Ce serait aux yeux du monde l’affirmation spectaculaire de l’idéal européen.

 

Alain Lemasson - Président d’INFOFI2000.com

 

 

 

L'article sur le site du journal La Tribune

 

 

 

 

 

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02/10/2017
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