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Les subprimes II

Publié le 18 août 2011 par Les Echos sous le titre "Les subprimes - Acte II"

 

Les subprimes sont de retour ! Le Plan Français de sauvetage des finances grecques – tel que dévoilé le 28 juin dans la presse – présente des liens de parenté surprenants avec le dispositif hier tant décrié. Il suffit en effet de remplacer « Grèce » par « ménages emprunteurs insolvables », pour qu‘apparaisse, au vocabulaire près, le mécanisme des subprimes.

 

Le Plan Français propose ainsi de commencer par la titrisation des nouveaux crédits accordés par les banques à la Grèce, c’est-à-dire leur extraction du bilan des banques, suivie de leur affectation à une SIV (Special Investment Vehicle), société ad’hoc devenue le nouveau prêteur à la Grèce.

 

Pour attirer les investisseurs dans la SIV, il est ensuite proposé de rehausser la qualité de signature de cette dernière en lui faisant acquérir des actifs très bien cotés en sus des crédits consentis à la Grèce. Par ailleurs, les banques sont appelées dans l’actionnariat de la SIV, une manière de leur faire reprendre une partie du risque. Le résultat est que le risque supporté finalement par l’investisseur n’est plus seulement le risque grec, mais un risque « mitigé », amélioré.

 

Il faut remarquer que le support de l’investissement dans la SIV est un titre de dette qui s’apparente fortement aux fameux CDO de triste mémoire, eux-mêmes adossés à des « sandwichs » de risques d’origines diverses. On retrouve ainsi dans le Plan Français certains des maillons les plus importants de la chaine des subprimes.

 

Il est singulier de constater que ce Plan Français s’appuie sur un montage déconsolidant issu de techniques développées par les banques d’investissement, au premier rang desquelles figure … Goldman Sachs. Le même Goldman Sachs qui avait mis au point le sous-endettement apparent de la Grèce au regard des règles communément admises.

 

Notons aussi que les fameuses Agences de Notation hier décriées font un retour en force. Plus personne ne conteste la pertinence de leurs critères de mesure, alors qu’il y a peu, elles étaient accusées de connivence avec les banques d’affaires.

 

La leçon de l’histoire ? Elle est multiple. L’impuissance des politiques à expliquer les vraies causes de la crise des subprimes a résulté en une mise en cause appuyée des banques. Or l’histoire montre qu’on a toujours besoin des financiers.. Le haro sur l’ensemble du monde bancaire ne s’imposait pas.

 

Alain Lemasson, ex-Vice President de CNH Capital Europe

 

Ecrit le 29/06/2011



12/07/2011
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