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L'énigme Assad

 

Madame Assad, ancienne élève du King's College de Londres et ex-banquière d'affaires est, dit-on, passionnée de littérature française. Son mari, brillant sujet d'un lycée franco-arabe, a étudié la médecine dans son pays et à Londres. Anglophones et  francophones l'un et l'autre, ils suivent, probablement chaque soir, l'actualité des reportages télévisés et ne peuvent pas ignorer les horreurs dont ils sont la cause. Quels mots échangent-ils à ce sujet, que disent-ils à ceux qui les interrogent, à leurs proches, à leurs amis étrangers qui les appellent ?

 

Ce couple singulier n'est pas dans son rôle de dictateur sanguinaire. Le mari a côtoyé et soigné la souffrance dans les hôpitaux de Damas. Son épouse  a lu et sans doute aimé les récits les plus purs de la littérature française. Les Assad ne sont pas les Kadhafi, les Hussein et les Ben Ali, ces autocrates médiocres et sans densité.

 

Faut-il imaginer le couple Assad pris au piège ? La dérive de la violence consentie, le piège du point de non retour. Sont-ils otages d'un entourage aveugle et tout-puissant. Et si ce n'est pas cela, s'ils sont tout simplement coupables, comment expliquer l’inexplicable, comment expliquer l'énigme Assad? 

 

Et que dire des dirigeants Russes et des Chinois, qui semblent avoir oublié que le temps des horreurs discrètes au nom de la Realpolitik était révolu. Leur véto à l’ONU serait principalement, dit-on,  leur misérable réponse aux déconvenues subies dans la Lybie de l’après-crise.

 

Plus que les Russes, les Chinois semblent avoir fait une grave erreur d’appréciation. Leur patiente conquête d’un leadership mondial au détriment des Etats-Unis a pris un grand coup en Syrie. Comme dans le cas du Tibet, ils ont négligé l’importance des valeurs dans l’esprit des occidentaux.

 

L’hégémonie américaine s’appuie certes sur une supériorité économique et militaire, aujourd’hui grignotée par la Chine. Elle s’appuie aussi et surtout sur un élément culturel capital, le partage de valeurs communes. L’attitude chinoise à propos de la Syrie ne peut que renforcer notre méfiance à l’égard de la montée en puissance de ce grand pays d’Asie.



26/02/2012
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