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Les Échos - Réduire les inégalités

 

 



UNE  TRIBUNE

dans LES ÉCHOS

(publiée le 4 octobre 2023 )

 

    

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On peut concevoir qu'un souci égalitaire sincère était à l'origine de l'adhésion de nombreux esprits à l'idéal communiste. L'échec historique de la Russie soviétique, le premier Etat censé concrétiser cet idéal, n'a pas effacé l'aspiration initiale à la réduction des inégalités, mais il en a démontré la terrible limite.

 

L'égalité économique complète n'est pas concevable car elle contredit l'idée de progrès individuel, cette alchimie de l'effort librement consenti et du besoin de récompense. Et l'addition des progrès individuels est une composante essentielle du progrès de la société tout entière. La réduction des inégalités économiques ne peut donc être que partielle, ce qui signifie l'existence d'inégalités résiduelles, une situation susceptible d'alimenter une instabilité politique durable et dommageable.

 

Les inégalités de logement constituent l'exemple sans doute le plus visible des inégalités de richesses, le plus complexe aussi car il est immanquablement associé à la notion d'héritage. C'est le cas à Paris, puisque l'accession à la propriété suppose un apport financier supérieur aux capacités d'épargne de la plupart des salariés. Et même alors, les différences visibles d'un logement à l'autre font apparaître une vérité incontournable : nous sommes tous le riche de quelqu'un et le pauvre d'un autre, sur le plan économique, cela s'entend.

 

Taxation inégalitaire 

 

Le ressenti de cette réalité est très différent selon le profil culturel et psychologique de chacun, de sorte que le positionnement du curseur de l'aide aux plus démunis entraînera toujours l'insatisfaction d'une partie de l'opinion. C'est ainsi que l'action particulière de la France en matière de transferts financiers et son positionnement en tête des pays de l'OCDE à cet égard, n'atténuent en rien la revendication récurrente d'une yaxation plus forte des riches et de l'héritage.

 

Une revendication qui n'a pas de réponse simple, à en juger par l'exemple de l'Union Européenne qui fait apparaître des situations très différentes d'un pays à l'autre, qu'il s'agisse des seuils d'imposition ou des taux de taxation marginale. A noter aussi que les États-Unis ont experimenté des taux d'imposition très élevés pendant de longues années avant d'y renoncer.

 

L'opposition à une taxation confiscatoire ne procède pas seulement du souci de garder pour soi l'argent gagné par le travail mais aussi du sentiment profond que l'individu ou l'entreprise est souvent plus à même que l'Etat de décider comment l'argent gagné doit être investi. On peut observer à cet égard l'exemple des pays de culture protestante, cette manière apaisée et enviable de gérer le rapport personnel à l'argent, conciliant « égoïsme » et altruisme. Gagner de l'argent va ainsi de pair avec la décision personnelle de donner aux organismes de charité.

 

Le bien absolu n'existe pas (L'éducation, la clé de l'apaisement social)

 

Il paraît nécessaire dans ce contexte de freiner l'appel à la haine des riches entretenu en France par les mouvements radicaux car il est susceptible de semer le trouble dans une partie non négligeable de la jeunesse française.

 

On pourrait imaginer d'introduire dans l'enseignement l'étude de la notion d'inégalité, abordée notamment sous l'angle des comparaisons. Montrer que le bien absolu n'existe pas mais que la déclinaison du bien, chez nos voisins et en France, est le résultat de facteurs historiques, culturels et religieux. Une manière aussi de mieux préparer les élèves engagés dans les échanges Erasmus. 

Alain Lemasson

Ancien banquier – Fondateur d’infofi2000

 

 

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18/10/2023
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