alainlemasson.fr

alainlemasson.fr

Economie et finance, parents-pauvres de l'enseignement

 

L’économie et la finance figurent parmi les sujets d’actualité les plus commentés et … sans doute les plus méconnus des Français.    Dans ces domaines comme en d’autres,  la substitution de l’émotion à l’analyse est l’indice de cette méconnaissance. C’est ainsi  que la finance,  l’euro, les marchés financiers ou les banques sont régulièrement qualifiés d’ « absurdes, spéculatifs, atteints de folie, débridés » et ainsi de suite. 

Difficile cependant de blâmer ceux qui se prêtent à ces facilités de pensée. L’économie, la banque et la finance sont, avec le droit, des matières quasiment absentes des programmes scolaires. On peut d’ailleurs aller plus avant dans le diagnostic : la compilation des programmes d’études de grandes écoles de commerce françaises ou étrangères est pleine de surprises. L’économie et la finance y sont effectivement enseignées, mais de manière étonnamment abstraite.

L’économie  est  ainsi confondue avec l’histoire de la pensée économique ou les modèles mathématiques. Quant à la finance, l’enseignement  couvre généralement deux volets de ce vaste domaine, la finance de l’entreprise et la finance des marchés. Mais outre la comptabilité, considérée de manière plus ou moins synthétique, il s’agit surtout de mathématiques financières et de modélisation statistique des risques appliquée à la gestion de portefeuille. Cela se comprend au regard de la qualification des enseignants-chercheurs, dont les cours dérivent des recherches.

Un diplômé d’HEC, de l’INSEAD, de la Nanyang Université de Singapour ou de Bocconi n’ignorera rien du calcul des taux internes de rentabilité et pourra commenter intelligemment le concept d’efficience des marchés. Mais de la crise des subprimes, de la titrisation, des eurobonds, de Bâle III, du marché monétaire ou de la problématique de l’euro, il ne connait en revanche que les flashes d’actualité zébrant par instants l’écran de son smartphone.

Il suffirait pourtant de si peu de choses ! Prenons la titrisation, sujet d’actualité récurrent et sujet mystérieux s’il en est. Moins d’une heure suffit pour l’expliquer à un élève de terminale. Or la titrisation est encore dans les esprits du plus grand nombre une boîte noire, plus ou moins responsable de la crise des subprimes, alors qu’elle n’a été à cet égard que l’un des maillons d’une chaîne.

Des banques françaises, la BCE et plus récemment le commissaire français à Bruxelles évoquent prudemment l’introduction de cette technique en Europe. C’est en effet le moyen de compléter les capacités limitées des banques en matière de crédits aux entreprises. Comme l’ont fait les Américains, il y a bien longtemps, dans le cadre du New Deal ! La prudence des responsables financiers et politiques en France et en Europe est à la hauteur des craintes de l’opinion sur des sujets qui lui sont étrangers. On pourrait évoquer de même des sujets plus familiers et non moins méconnus : comment fonctionne une banque, comprendre les chiffres d’une entreprise.

Il faut le dire et le redire, l’acquisition du bagage élémentaire permettant le décryptage des sujets économiques et financiers les plus importants  est l’affaire de quelques heures d’étude seulement, voire de quelques jours.  Le rapport bénéfice - effort d’acquisition de ces connaissances serait considérable, pour les citoyens comme pour la puissance publique. Il est temps d’agir pour combler ce déficit  d’éducation!

 

VOIR l'article en version PDF (comme souvent le titre a été modifié)

 

 

 

 

@ D2a.jpg

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



24/05/2014
0 Poster un commentaire