Ce Grand Syndicat de Gauche
La différence entre les partis d’inspiration populiste et la CGT, c'est que les uns et l'autre promettent la lune, mais que seule cette dernière l’obtient. Quel est donc le secret de ce syndicat qui lui permet de tenir prisonnier le bras de l'Etat français, de s'affranchir subtilement des contraintes d'ordre public et de garder plusieurs entreprises vitales sous sa tutelle ? La mise en scène virulente de conflits localisés n'est sans doute que la face émergée d'un pouvoir discret et terriblement efficace. Un pouvoir négocié, fruit d'un rapport de force permanent. Comment ce pouvoir se maintient-il, pourquoi notre impuissance à le contenir ?
S'il devait exister quelque part dans le monde une université de conquête non pas du pouvoir, mais d'un pouvoir, la CGT, en serait le modèle presque parfait. Celui qu'on enseigne à toutes les promotions. Jugeons-en. Comme chacun peut l’observer, l'énergie, le transport et les médias sont les points sensibles d'un pays moderne. Le blocage durable de l'un d'entre eux suffit à déstabiliser n'importe quelle démocratie. A fortiori s'il s'agit des trois.... Voilà-donc les cibles. Contrairement aux apparences le but poursuivi n’est pas leur destruction. Il est simplement de rappeler subtilement à leurs dirigeants et à l’Etat que l'on dispose des moyens d'altérer leur fonctionnement. La vraie dissuasion, donc. Les médias? Chacun peut observer la vulnérabilité des organes de presse face à la distribution et à l'imprimerie. Et de même pour la télévision, contrainte au passage par un outil de diffusion unique. L'énergie, les transports ? L’histoire de nos grandes sociétés nationales a favorisé l’émergence de forces syndicales puissantes, parfaitement au fait des vulnérabilités techniques.
Donc voilà l'élément central du deal: vous, l'Etat, vous nous laissez tranquilles et nous n'exercerons pas notre capacité de nuisance. Réponse: Soit, mais toute atteinte à la légalité sera punie. A bon entendeur. Le Grand Syndicat de Gauche dispose à cet égard d'un service juridique dont la qualité et l'efficacité laisse pantois tous ceux qui l’ont approché.
Oui mais pour crédibiliser la "menace", il faut les moyens d'agir, des hommes dévoués. Dans ce domaine aussi, les méthodes sont exemplaires. Entre le syndicat et les militants, le pacte est faustien. A toi le militant, toi le laissé-pour-compte d'une société élitiste, j'apporte le soutien, la formation, le respect, la solidarité et surtout la dignité sociale. En échange tu agiras comme il te sera demandé. Ne t'inquiète pas, notre but est noble, nous défendons les faibles. Et si certains de nos membres jouissent d’avantages exorbitants, détruisent parfois la branche sur laquelle ils sont installés, ce n'est rien à coté de ce que les actionnaires et les banquiers empochent. Un raisonnement imbattable, un pacte solide parce qu'ancré dans la condition humaine des « gens d’en bas ».
Le but? Servir une idéologie de justice avec un sentiment de revanche contre une société injuste. Pour beaucoup, les avantages matériels. Pour les stratèges du syndicat, le pouvoir, le maintien au pouvoir, l’hubris peut-être. Un président-avocat, féru de négociation, n'a pu réaliser ce que Ronald Reagan et Mme Thatcher ont réussi en d'autres temps. On ne voit pas très bien la marge de manoeuvre de la nouvelle équipe à cet égard.
