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Capital-La dette de la France

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UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital.fr le 24 janvier 2024)

   

 

La dette incontournable (titre original)

 

« La France, l’Allemagne en mieux » titrait le Spiegel de septembre dernier, faisant écho à un article de The Economist paru quelques semaines auparavant, dédié aux réussites françaises « cachées ». L’hebdomadaire britannique détaillait avec humour et un étonnement sincère les performances d’un pays pourtant connu pour « son aversion au changement » et son « talent pour la révolte », mais dont la croissance cumulée depuis 2018 avait été le double de celle de l’Allemagne.

 

De son côté, le Spiegel s’appuyait sur une analyse du cabinet d’audit Ernst & Young faisant état de la « dynamique remarquable » de l’économie française. L’article évoquait les « médicaments amers mais cicatrisants » utilisés en France dans le domaine fiscal et social notamment, lesquels avaient certes valu l’effondrement de la popularité de l’exécutif, mais surtout amélioré considérablement l’attractivité française. Et l’action de la France au niveau européen pour imposer le concept d’autonomie stratégique était quant à elle qualifiée de « feu d’artifice ». Le Spiegel citait ainsi le Buy European Act, un ensemble de propositions françaises destinées à répondre aux mesures protectionnistes des États-Unis, et que le gouvernement allemand devra soutenir tôt ou tard selon l’hebdomadaire.

 

Ces deux articles, certes louangeurs à l’égard de la France, étonnent par leur silence sur l’endettement français, lequel est pourtant le facteur-clé de sa réussite économique. C’est par la dette que France continue à financer sa transformation, et sur ce point le maintien de la notation par Standard & Poor lui a donné raison. On pourrait ajouter que dans tous les pays de la zone euro, et notamment dans les pays dits « frugaux », le recours à la dette est devenu incontournable au regard des besoins. Le premier d’entre eux, l’Allemagne n’a dès lors d’autre issue que de contourner le trop fameux Schuldenbremse, ce frein constitutionnel destiné à limiter tout nouvel endettement public à 0.35% du Produit Intérieur Brut.  

 

Une opposition culturelle

 

Le manque d’élan de l’UE sur la nécessaire mise à jour des accords de Maastricht montre toutefois la difficulté de la remise en cause du rapport à la dette. Une transformation   politique et culturelle s’impose, comme le montre le double sens du mot Schuld en allemand, qui désigne à la fois la dette et la faute.

 

De son côté, la France est tout aussi concernée par son endettement mais à sa manière pourrait-on dire. On peut en voir l’expression dans les injonctions répétées de la Cour des Comptes, focalisée sur le montant de la dette. Ce que l’on souhaiterait entendre de la part de cette institution est la vraie qualification de cette dette, celle qui a fondé la notation de Standard & Poor. L’agence de notation ne se limite pas à juger un niveau de dette, mais à l’image du banquier confronté à un emprunteur déjà endetté, elle accorde une importance capitale à l’affectation du nouvel endettement au financement d’investissements générateurs de revenus durables. La transformation de l’économie française soulignée par le Spiegel et the Economist est bien le résultat d’investissements centrés sur la réindustrialisation du pays et sur son attractivité.

 

Le retour des rachats d’obligations

 

Les défis de tout ordre auxquels l’Allemagne est confrontée ont déjà mis en évidence le problème du financement des investissements nécessaires. Pour ce pays et pour tous les autres, on peut imaginer que la solution viendra de la reprise des achats d’obligations souveraines par la BCE et surtout d’un nouvel emprunt direct de la Commission Européenne, à l’image de ce qui avait été décidé en juillet 2020, sous l’impulsion de la France. Pour les États comme pour les entreprises, la dette est un moyen plutôt qu’un sujet de crainte.

 

 

Alain Lemasson

Ancien banquier – Fondateur d’infofi2000

 

 

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(cliquer sur l'image - le titre a été changé)  

 

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08/02/2024
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