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 Publié le 18 septembre 2019

 

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Titre original:  L'Enseignement de l'Économie en Allemagne

 

L’enseignement de l’économie dans les Lycées français et allemands présente de nombreuses similitudes, et notamment son manque d’efficacité. De part et d’autre du Rhin en effet, les voix ne manquent pas pour dénoncer des programmes qui ne préparent pas les futurs bacheliers à la compréhension des entreprises et de l’économie réelle. 

 

Un article d’un grand quotidien intitulé « Les ignorants » (Die Ahnunglosen) illustrait récemment l’inculture économique des bacheliers allemands par cette réponse à une question du journaliste : « L’économie ? C’est tout ce que je ne comprends pas aux infos ». 

 

Les programmes français et allemands ont en commun l’impasse quasi complète sur la finance et sur le rôle des banques et des marchés dans le financement de l’économie. Rien n’est dit de l’action de la BCE et de l’importance de l’euro au plan international. Pire, ces programmes distillent une forme d’hostilité à l’égard des institutions financières et de l’euro, désignés pêle-mêle comme responsables des problèmes de notre temps. 

 

Un autre point commun entre la France et l’Allemagne, tout aussi remarquable, concerne la méthode d’enseignement. Dans ces deux pays l’économie et la sociologie sont en effet regroupées en une seule matière, avec le risque évident du biais idéologique. Parler des lois de l’économie et de l’entreprise, et développer simultanément l’analyse critique de ce qui est dit à l’aune de la pensée de Marx, Bourdieu et Durkheim, préjuge ainsi de la capacité des jeunes élèves à faire la part des choses, à échapper à la confusion. 

 

La France a résolu ce problème par son déplacement pourrait-on dire. Le bac ES est supprimé, et l’économie ne devrait plus être qu’une option du nouveau bac annoncé. Mais il est permis de douter d’une séparation future de l’économie et de la sociologie. Il ne faut pas sous-estimer la résistance au changement de ceux qui ont voulu leur rapprochement. 

 

La situation en Allemagne est intéressante à observer à cet égard du fait de la décentralisation de l’enseignement au niveau des Länder, et donc de l’autonomie de ces derniers en matière de programmes. Si leur très grande majorité a effectivement opté comme en France pour l’enseignement couplé de l’économie et de la sociologie, les choses ont commencé à bouger.  

 

Deux Länder ont résisté au couplage, dont le Bad Wurtemberg (Francfort) depuis 2016. En Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne, les discussions sont en cours. Il y est question de la création d’un cours d’économie proprement dit et d’un autre cours dédié à la politique, selon un modèle déjà expérimenté dans divers  établissements. Progressivement, l’idée du découplage fait ainsi son chemin. 

 

Last but not least, aux débats sur les programmes d’économie s’ajoute l’idée d’une centralisation de l’éducation au niveau national, à l’image du modèle français. La création d’un Ministère Fédéral de l’Education n’est sans doute pas pour demain, et l’on peut penser que ceux qui veulent moderniser l’enseignement de l’économie en Allemagne vont d’abord chercher à généraliser la séparation de l’économie et de la sociologie. Ce qui laisse entier le problème du contenu des cours d’économie. L’amélioration de la culture économique et financière des bacheliers est donc une affaire de longue haleine, en France comme en Allemagne. 

 

Alain Lemasson 

 

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