Antisémitisme
Il est navrant d'observer que dans notre pays, des mots comme "juiverie", "les juifs", ou "sentier" s'immiscent encore ça et là, dans les conversations. Des mots prononcés d'une manière entendue, repris parfois par les uns, ou étouffés dans le silence réprobateur des autres.
Il est vraisemblable que le milieu, et principalement le milieu familial, jouent un rôle dans la formation et la propagation de cet antisémitisme sournois. Si la connivence molle de certains adultes est une chose, la confrontation des enfants ou adolescents à ce type de propos en est une autre. Ces mots "anodins" entendus et répétés dès l'enfance sont en effet susceptibles de se fixer durablement dans les esprits.
Comment expliquer sinon qu'un adulte à priori intelligent, vous explique tout à trac le mal qu'il faut penser des "israélites" et du « lobby juif ». Et déroule avec conviction la longue litanie des clichés convenus sur la question. Comment mettre un terme à cette infection? Probablement par l'éducation et par l'école.
Il faut expliquer aux enfants que cette maladie de l'esprit qu'est l'antisémitisme n'a aucune raison d'être. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Il faut leur montrer ce que les Français, les Européens doivent au judaïsme. Il faut expliquer que c'est par le christianisme que les valeurs des civilisations romaines et grecques sont parvenues jusqu'à nous, et que la racine du christianisme c'est le judaïsme.
Il faut expliquer aux enfants que "les juifs" de chaque pays existent par une histoire, une solidarité, une religion. Qu' Israël est un Etat et qu' Israël, ce n'est pas "les juifs". Que "les juifs" n'ont pas d'armée. Que "les juifs" ne font pas la guerre. Qu'il n' y a pas plus de "complot juif" qu'il n'y a de complot franc-maçon ou de complot Microsoft. Que Sartre a démontré qu'il n'y avait pas de race juive. Qu'il est abominable qu'au pays des droits de l'homme, des enfants soient traités de " ... juifs" à l'école et que des cimetières juifs soient profanés.
Les origines de l'antisémitisme sont complexes, le mal est vieux de plus de deux mille ans. On ne doit cependant pas céder au fatalisme. Sans prétendre à une suppression complète, il doit être possible de s'attaquer à la genèse de ce mal et de combattre une des causes probables de sa propagation.